Portabilité et Directive SMA: Réunion d’information – 10 octobre 2017

Avec la participation des Maîtres Xavier Près et JeanSébastien Mariez, Cabinet DGFLA, de Anna Bigot, European Affairs Adviser, Bouygues Telecom et Anthony Level, Directeur des Affaires Réglementaires Numériques, TF1

Ordre du jour

Règlement européen relatif à la portabilité des services de contenus en ligne : rappel du contexte, analyse des dispositions concernant les éditeurs, calendrier et recommandations. Directive SMA: rappel du contexte, analyse des dispositions envisagées, calendrier et recommandations

Directive SMA: rappel du contexte, analyse des dispositions envisagées, calendrier et recommandations

Règlement européen relatif à la portabilité des services de contenus en ligne 

Avec Maître Xavier Près, Senior Counsel, Cabinet DGFLA

Les discussions relatives au règlement ont débuté en 2013, la proposition de la Commission européenne a été publiée en décembre 2015 avant que le texte soit adopté le 14 juin 2017

Si le texte est déjà entré en vigueur, son application a été différée au 1er avril 2018 pour laisser le temps de prendre les mesures nécessaires à leffectivité de la portabilité transfrontalière

Le texte est assez court, avec 11 articles précédés de 36 considérants

Lobjectif est de permettre aux abonnés de lUE de continuer à recevoir leurs contenus en ligne lorsquils sont présents de manière temporaire dans un autre Etat Membre. est large alors quaprès analyse, on saperçoit quil est plus restreint, voire anecdotique : « à des fins, par exemple, de loisir, de voyage, de voyage daffaires ou dans le cadre de la mobilité à des fins dapprentissage »

« Portabilité et droit dauteur sont deux logiques en confrontation dans ce texte« , explique Maitre Xavier Près. « Pour y répondre, le législateur a choisi davoir recours à une fiction en considérant quun abonqui bénéficie dun abonnement en France et qui va dans un autre pays pourra en bénéficier mais sera toujours considéré comme étant en France (article 4). » 

En effet, ce sont la fourniture, laccès et lutilisation des services de contenus en ligne qui sont réputés avoir lieu dans lEtat Membre de résidence de labonné

Une distinction essentielle est à retenir entre fournisseurs de contenus en ligne payants et gratuits

En effet, la portabilité simpose de plein droit aux fournisseurs de contenus en ligne proposant leurs services contre rémunération et à titre optionnel aux fournisseurs de contenus en ligne proposant leurs services sans rémunération

Tous les types de contenus sont concernés, par seulement les contenus audiovisuels mais aussi les musiques, jeux vidéos, compétitions sportives, ..

Les bénéficiaires de la portabilité sont les consommateurs européens disposant dun abonnement payant (ou gratuit si choix du fournisseur de contenu) et qui se trouvent de manière temporaire dans un autre Etat Membre

Du côté de la mise en oeuvre de la portabilité, celleci est assez simple : le contenu du service portable doit être identique, sans obligation de qualité, si ce nest que celleci ne doit pas être réduite et que le traitement des données personnelles doit sopérer dans le respect de la réglementation applicable

Sagissant de lobligation de vérification de la part du fournisseur de contenus en ligne de lÉtat membre de résidence de labonné, larticle 5 prévoit une liste fermée des moyens de vérification dont deux peuvent être utilisés au maximum

Un réexamen par la Commission est prévu au plus tard le 21 mars 2021, afin dévaluer lapplication du règlement à la lumière des évolutions juridiques, technologiques et économiques

Selon Anna Bigot, European Affairs Adviser, Bouygues Telecom, la Commission européenne part du constat quau sein du grand marché unique, le géoblocage fixe les frontières entre les Etats membres. La Commission a donc mené une étude via Eurobaromètre qui révèle notamment que seulement 8% des utilisateurs ont jusquà présent cherché à avoir accès à un contenu dans un pays autre que le leur

Comme le précise Anthony Level, Directeur des Affaires Réglementaires Numériques, TF1, le règlement ne concerne pas les contrats souscrits par lentreprise, uniquement ceux souscrits personnellement. Quant à laspect temporaire, on se rend compte quil ny a pas vraiment de limites

Plusieurs difficultés demeurent : les relations avec layantdroit, que faire en cas de doute sur le lieu de résidence, ..

Directive SMA 

Avec Maître Jeanbastien Mariez, Senior Counsel, Cabinet DGFLA

La proposition de la Commission européenne du 25 mai 2016 vise à amender la Directive SMA 2010/13/UE et, tout comme le Règlement européen relatif à la portabilides services de contenus en ligne, sinscrit dans sa stratégie pour un marché unique numérique

Le texte na pas encore été adopté et est encore en phase de trilogue entre les trois instances de lUnion européenne

Cette directive est dinterprétation minimale, il est donc possible pour les Etats membres de rajouter des couches et des obligations

Sagissant du champ dapplication matériel, le texte donne les définitions de « service de média audiovisuel » et de « programme » Il est à noter que ces définitions viennent consacrer la décision de la CJUE et vont donc intégrer tous les catalogues de vidéos accessibles de façon autonome

Du côté du champ dapplication territorial, certains pays, dont la France, souhaitaient voir remis en cause le principe du pays dorigine qui permet de déterminer le droit applicable et lautorité compétente pour réguler un SMA. Ce principe est finalement maintenu et simplifié

Larticle 13 prévoit néanmoins une exception au principe du pays dorigine en matière de contribution à la production des SMAD. En effet, il est alors possible dappliquer le principe du pays de destination

Un régime ad hoc est également créé pour les services de « plateformes de partage de vidéos » Les médias sociaux sont quant à eux exclus « sauf sils fournissent un service qui relève de la définition dune plateforme de partage de vidéos »

Par ailleurs, il est important de souligner que sont concernés les fournisseurs de plateformes situés dans un Etat Membre mais également hors de lUnion européenne dans certains cas prévus par larticle 28 ter nouveau

Comme lexplique Anna Bigot, European Affairs Adviser, Bouygues Telecom, lobjectif de la Commission européenne est de mettre à jour le texte, notamment pour étendre son champ dapplication aux plateformes de partage de vidéos. Si le texte nest pas encore abouti, nous allons vers une large extension du champ dapplication

Selon Anthony Level, Directeur des Affaires Réglementaires Numériques, TF1, l‘absent du champ dapplication est le live streaming, cette révision reste donc une photographie à date