18 Nov Médias & Vidéo : Live-moi si tu peux – 8 mars 2017
Une table ronde animée par Anne de Kinkelin, Directrice, Le Parisien TV.
–Laurent Lucas, Producteur éditorial, Brut –Remy Buisine, Journaliste, Brut – Emmanuel Goubert, Journaliste / Rédacteur en Chef, Explicite – Benjamin Vincent, Rédacteur en Chef TV – Vidéo, Le Figaro – Pierre Bohm, Journaliste Social Medial et responsable de la social room, LCI – Nicolas Moscovici, Rédacteur en Chef, LCI
« En tant que médias éditeurs, nous avons succombé à la tentation des nouvelles écritures qui redonnent aux rédactions une certaine liberté, un certain goût du terrain et qui nous obligent tous à déconstruire un modèle et à être plus libres, toujours avec la problématique de la monétisation« , explique Anne de Kinkelin.
« La problématique de ces usages est bien souvent la même : comment exister, comment être différent et comment respecter notre ADN en partant d‘un outil gratuit accessible à tous ? »
Rémy Buisine, Journaliste, Brut. « On dépasse le cadre de l‘interview avec des échanges plus spontanés, on montre la réalité du terrain et les gens nous en remercient explique Rémy Buisine. Il arrive que l‘on reprenne les questions des internautes pour les poser en direct, ce qui permet de les impliquer encore plus. »
« Lors d‘un événement, lorsqu‘on fait un live, nous n‘avons pas forcément de fil conducteur : il faut parler de tout et on peut vite se laisser prendre par la durée, tout en gardant un certain contrôle sur ce qu‘on diffuse. Par exemple, durant les manifestations, on ne montre pas les blessés à l‘image mais on essaie de comprendre
ce qu‘il se passe grâce à des témoignages pour construire le direct. Il faut re contextualiser très souvent ce qu‘il se passe et expliquer quel est le fil conducteur de la journée, ce qui nous amène à être en direct. De son côté, notre community manager suit les lives et les modère en direct. »
I Laurent Lucas, Producteur éditorial, Brut.
« Nous nous sommes lancés en novembre 2016 en se disant qu‘on ne trouvait pas encore ces nouveaux formats sur les réseaux sociaux et que mélanger les lives avec des vidéos très courtes de décryptage de faits d‘actualité pouvait être intéressant » précise Laurent Lucas. « Le public suit de plus en plus nos contenus ce qui valide l‘idée selon laquelle ces formats manquaient sur les réseaux sociaux. »
« Brut est en 100% gratuit et en 100% réseaux sociaux avec un partenariat de régie avec France Télévisions Publicité. »
« Pour nous, en live, l‘important est d‘effacer le journalisme traditionnel. Ce que les gens viennent chercher est ce côté « sans filtre » : les sujets longs et profonds peuvent aussi trouver leur public sur Facebook« , ajoute Laurent Lucas. « Brut va commencer à tester ses formats et contenus auprès du public américain qui représente déjà beaucoup plus d‘utilisateurs quotidiens sur Facebook qu‘en France. »
I Nicolas Moscovici, Rédacteur en Chef, LCI.
« Au sein de notre rédaction, une équipe est dédiée au Facebook Live et il y a un véritable effet d‘entraînement« , explique Nicolas Moscovici. « C‘est une façon différente de filmer la réalité qui peut susciter des envies de filmer différemment auprès de l‘ensemble de la rédaction. La télévision s‘approprie maintenant les codes du Web. Par exemple, l‘émission « Live Présidentiel » reprend tous les codes du Facebook Live. »
« Au–delà des réseaux sociaux, ce qui fonctionne est le fait de se rapprocher des gens, de leur parler. Chez LCI, deux journalistes sont dédiés au Facebook Live ce qui permet une certaine réactivité. »
« Chez TF1, nous pouvons aussi nous appuyer sur des personnalités qui ont une renommée ce qui est un vrai avantage pour aborder certains sujets » ajoute Nicolas Moscovici.
I Pierre Bohm, Journaliste social média / Responsable de la social media room, LCI.
« L‘image est en effet moins propre mais ce n‘est pas un problème car les codes des réseaux sociaux font que le niveau d‘exigence n‘a pas besoin d‘être le même précise Pierre Bohm. « On peut se permettre d‘avoir une technique un peu moins bonne tout en travaillant avec un matériel professionnel : eclairage, camera, son, ... »
« Nous avons une forte communauté Facebook ce qui peut expliquer l‘audience de certaines vidéos. L‘audience de ces vidéos s‘explique aussi par le fait que les gens ont envie d‘être impressionnés, quelle que soit la marque média qui est derrière. Faire du boost en live est très compliqué même si cela reste possible sous certaines conditions. En général, avec Facebook, on passe directement par leurs commerciaux et non par leur outil de publicité habituel. »
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« En live on ne peut pas gérer tous les commentaires, certains passent vite et il n‘est pas toujours évident pour les prestataires de les modérer selon les sujets » ajoute Pierre Bohm.
I Emmanuel Goubert, Journaliste / Rédacteur en Chef, Explicite.
« Nous nous sommes lancés le 20 janvier 2017 sur les réseaux sociaux car nous nous sommes rapidement rendus compte que cela correspondait à notre façon à tous de consommer l‘actualité précise Emmanuel Goubert. « Il y a une véritable envie de ce nouveau ton et de cette nouvelle interactivité dans les vidéos. Il faut aujourd‘hui s‘adresser différemment aux gens. »
« Malgré tout, on arrive à produire de la vidéos de bonne qualité : si les standards ne sont pas aussi élevés qu‘en télévision, il faut produire des contenus de qualité pour les utilisateurs. »
« Côté commentaires, j‘ai constaté qu‘au bout d‘un moment ceux qui trollent se fatiguent et que plus il y a de questions, de commentaires, plus cela appelle d‘autres questions, ajoute Emmanuel Goubert. « Il faut inciter les gens à de l‘interactivité pour travailler sur des thématiques qui ne sont pas forcément celles des journalistes mais
ermettent d‘arriver à un résultat inattendu. Cet aspect collaboratif est très nouveau. Nous avons par exemple lancé la série de reportages « Sur la route » pour aller à la rencontre des français, leur parler de leur quotidien et de ce qu‘ils attendent de la politique. »
I Benjamin Vincent, Rédacteur en Chef TV/Vidéo, Le Figaro.
« Il faut tirer le meilleur de ces nouveaux outils et accepter de faire différemment par rapport à la télévision« , explique Benjamin Vincent. « L‘image propre n‘est plus ce qui prime même si la qualité du son reste essentielle : le plus important est d‘apporter un contenu, un ton, une profondeur, différents. La légèreté de l‘outil fait que ses défauts sont moindres que les bénéfices que l‘on réussit à en tirer. Nous avons foncé sur Facebook Live sans déserter les autres communautés pour autant. A terme, le but n‘est pas d‘être sur une seule plateforme. »
« L‘interactivité, que nous considérons comme structurante avec sa voie de retour permanente, transforme complètement l‘expérience, on arrive sur une relation beaucoup plus horizontale : les internautes viennent nourrir la réflexion et le commentaire. Le rapport au temps et aux formats change. On n‘est plus restreints comme en télévision notamment par des contraintes horaire. »
« Le choix de l‘outil peut avoir des implications assez importantes précise Benjamin Vincent. « Par exemple, sur certains tournages, nous passons certains barrages parce que nous tournons avec des smartphones, plus discrets et qui font plus « amateur » alors que d‘autres sont bloqués parce qu‘ils portent des caméras pro. Mais le point de départ, la condition sine qua non, c‘est l‘accès au réseau, la connexion. Sans réseau mobile, pas de diffusion et pas de stream. Avec des outils comme Facebook, nous pouvons diffuser plusieurs canaux en direct simultanément, ce qui accroît notre liberté et peut permettre de suivre en même temps deux événements en live. »
« Globalement, le fait d‘avoir une communauté, avec des internautes qui se loggent, permet d‘être entre personnes qui sont en bonne intelligence et qui ont envie de contribuer à un débat constructif. Pour la gestion des commentaires, au Figaro, nous avons une équipe social media, et un prestataire externe. »